mercredi 22 septembre 2010

Climat favorable aux climato-sceptiques…?

Il y a quelques semaines on apprenait qu’une des figures les plus éminentes du « climato-scepticisme » (et probablement l’inventeur même de la formule), le danois Bjorn Lomborg semblait changer son fusil d’épaule en publiant un livre dans lequel il incitait les gouvernements à investir massivement dans la recherche et le développement de technologies vertes pour lutter contre les changements climatiques.

A l’image du revirement de cet enfant terrible du débat climatique, on a pu penser que les scientifiques étaient véritablement parvenus à une forme de consensus sur l’authenticité du réchauffement climatique et surtout sur son origine anthropogénique. Mais il n’en est rien.

Après l’enthousiasme politico-médiatique précédant le Sommet de Cophengue en décembre 2009, et qui laissait croire en une prise de conscience généralisée et irréversible du défi à venir, nous assistons à véritable retour en force des discours sceptiques.

Tout a sans doute commencé par le retentissant « climate gate ». Bien que le « scandale » affectant la crédibilité de certains chercheurs membres du GIEC, ait été déclenché avant même que la conférence de Copenhague n’ait lieu, et ce en pleine période d’euphorie climato-médiatique, son effet à rebours a peut être été sous-estimé. D’autres évènements par la suite semblent attester de ce que le vent est peut être en train de tourner aux désavantages de la cause climatique.

Cela s’est d’abord vu aux États-Unis, lorsque le Sénat, en juillet dernier, a fait obstacle au projet de loi sur l’énergie et les changements climatiques présentée par l’administration Obama qui en faisait pourtant une de ses priorités. Aujourd’hui, en pleine période électorale pour les élections de mi-mandats, les candidats Républicains ont le vent en poupe et jettent allégrement le discrédit non seulement sur toutes politiques environnementales visant le réchauffement climatique, mais ils remettent carrément en cause sa véracité. De leur côté, les écologistes se font bien discrets dans ce débat, au grand damne de certains Démocrates désorientés. De surcroît, et c’est une constante, le contexte économique rend plus difficile la défense de la cause environnementale quand l’emploi semble être au cœur des préoccupations des électeurs.

Dans un autre registre, en France, l’Académie des sciences, tenait hier un débat à huis clos sur le climat. Une fois encore les climato sceptiques ont pu faire entendre leur voix lors des discussions portant sur sujets toujours controversés tels que la température moyenne, l’activité du soleil. Par ailleurs, le fait que le débat ne se déroule que sur une seule journée et que les thèmes ne puissent être qu’effleurés a sans doute contribuer à faire le jeu des sceptiques.

Ici au Québec le dossier des gaz de schiste fait polémique et l’on se demande comment la filière pourrait s'inscrire dans une démarche de lutte aux changements climatiques. Alors que le gouvernement nous promettait de faire du Québec une puissance énergétique verte qui réconcilie environnement et économie, l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste inquiètent légitimement notamment lorsque l’on voit ce qui se passe au sud de la frontière.

Pendant ce temps, on rapporte que les discussions précédant le Sommet de Cancun, qui devrait se tenir d’ici deux mois semblent au ralenti, pour ne pas dire au point mort. En tout cas, les ambitions affichées demeurent bien modestes. Todd Stern, l’émissaire spécial américain sur le climat a d’ailleurs admis que personne n’anticipait d'aucune manière l'adoption d'un traité juridiquement contraignant à Cancun cette année.



Bref, tout concourt à croire que la cause climatique pourrait bien en patir . Pour ses défenseurs la vigilance est de mise car si le cynisme et le scepticisme venaient à l’emporter dans l’opinion publique, ce serait probablement la fin inéluctable des grandes ambitions.

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