mardi 14 août 2012

Ethanol à base de maïs : remplir les estomacs ou les réservoirs ?



Alors que les États-Unis connaissent actuellement l'une des pires sécheresses que le pays ait connu depuis plus d'un demi siècle, de plus en plus de voix s'élèvent pour remettre en question l'ajout d'éthanol à base de maïs dans l'essence.

En 2007 sous la pression du lobby des producteurs de maïs, le Congrès américain faisait adopter l'obligation d'incorporer de l'éthanol de maïs dans l'essence automobile. Pourtant dénoncé dans un rapport de l'OCDE dès 2008, ce qui est vanté par ses défenseurs comme une solution écologique vertueuse et une option stratégique assurant l'indépendance énergétique, démontre aujourd'hui, s'il en était besoin, qu'il s'agit d'une véritable hérésie.  

Il apparaît bien évident que cette disposition fédérale (Renewable Fuel Standard, RFS) fausse totalement le marché et explique largement l'augmentation continue du prix du maïs, passé d'un niveau inférieur à 3 dollars le boisseau durant les années 1980 et 1990, à un niveau supérieur à 5 dollars à partir de 2009. Plus largement, l'augmentation des cours de maïs a de terribles répercussions sur la volatilité de l'ensemble des prix des denrées alimentaires, du lait à la viande. En 2012, près de 120 millions de tonnes de maïs soit presque 40 % de la production américaine de cette céréale aurait ainsi été détourné de la production alimentaire*.  En cinq ans, ce chiffre a presque triplé et la tendance semble malheureusement ne pas prendre le chemin inverse pour les prochaines années.

Alors que la situation mondiale est particulièrement  précaire et que 18 millions de personnes souffrent ou sont menacées de famine et de malnutrition au Sahel, cette concurrence inepte entre agrocarburant et denrées agricoles constitue clairement une menace pour la sécurité alimentaire mondiale. 

En 2007 déjà, l'augmentation de 30% du prix de la tortilla avait jeté dans les rues des centaines de milliers de personnes au Mexique. L'éthanol était clairement pointé du doigt comme une des causes principales de la situation. L'année suivante, on s'alarmait encore de l’effet de la hausse des cours mondiaux des denrées alimentaires qui se faisait ressentir aux quatre coins de la planète. La situation était telle que de nombreux pays avaient même connus de véritables émeutes de la faim, parfois violemment réprimées (Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun, Burkina Faso, Égypte, et même dans les Caraïbes, Haïti). En 2010 et 2011, on a tendance à l'oublier, mais la vague des "révolutions arabes" notamment au Maghreb se déroulaient aussi sur fond de forte augmentation des prix des produits alimentaires de base qui faisait partie des premières revendications.

Aussi, peut-on penser que le spectre des émeutes de la faim et son lot d'incertitudes politiques et économiques pourrait bien ressurgir si  les prix agricoles continuent leur folle ascension.

En somme, nous pouvons l'affirmer, la promesse des agrocarburants n'est clairement pas tenue: il s'agit bel et bien d'une triple hérésie économique, écologique et humaine aux conséquences aussi incertaines que terrifiantes !

Sources : Hervé Kempf," Aux Etats-Unis, l'utilisation de maïs pour l'éthanol fait polémique", Le Monde, 02.08.2012.


mardi 7 août 2012

Non, ce blog n'est pas mort..mais l'environnement, en tant que thème de campagne électoral pourrait bien l'être...


Et non, ce blog n'est pas mort... il était en sommeil;  un sommeil certes très très profond... 
Alors que la fin de mon parcours de thèse de doctorat occupait toutes mes pensées, j'ai sans doute négligé l'actualité de l'environnement et de la communication environnementale des marques,  nombre d'infos sont passées à la trappe de la broyeuse médiatique sans que je n'ai pris le temps de les aborder ou même d'en prendre connaissance. Mais mieux vaut tard que jamais et le temps est venu de ressusciter  mon goût pour la plume ou plutôt mon clavier!  Sans garantir mes éventuels lecteurs de mon  assiduité ou d'une quelconque ferveur écologiste militante  (je ne l'ai jamais revendiquée et ne le ferai jamais tant la nuance et la mesure sont des valeurs importantes à mes yeux ), je me fais seulement la promesse de saisir l'opportunité de ce blog pour m'adonner à la passion de l'écriture et du débat d'idées.



Pour renouer en douceur, petite réflexion à l'heure où le Québec est entré en campagne électorale : il me semble que l'environnement est très loin d'occuper les débats. L'attention  des médias semble toute entière portée sur les questions de la corruption avec la candidature vedette de Jacques Duchesneau et de l'éducation avec le possible retour des grèves étudiantes. 

Certes, nous en sommes aux premiers jours de campagne et il n'est pas impossible que la question environnementale resurgisse prochainement, au détour, notamment des débats portant sur l'exploitation de nos richesses naturelles....mais l'environnement sera t-il un thème porteur ? Rien n'est moins sûr. Quels sont d'ailleurs les positions des différents partis  sur le  dossier environnemental ? Qui donc, chez les électeurs québécois, hormis ceux qui peut être l'ont découvert dans le questionnaire de l'excellente Boussole électorale, connait Claude Sabourin (allez, je vous aide c'est le chef du Parti Vert) ?...L'existence de ce parti est-elle toujours pertinente sur la scène politique québécoise ? ....autant d'interrogations qui me laissent penser que l'environnement n'est sans doute pas la priorité des Québécois dans ces élections...et comment les en blâmer...difficile de remonter la pente !

Pour ceux qui s'intéressent à ce thème, le site de Gaïa Press propose une revue de presse sur le sujet ...


Bienvenue à ceux qui pourraient parcourir , voire (rêvons un peu) redécouvrir ces pages !



mercredi 16 mars 2011

Comment faire durer une marque ? 5 éléments pour travailler à sa pérennité

Qu’est-ce qui fait qu’une marque pourra durablement s’installer sur un marché et dans l’esprit des consommateurs. Difficile de faire des prédictions dans un monde toujours plus complexe où les changements climatiques, les crises économiques et les moyens de communications révolutionnaires changent et changeront encore la donne pour les décennies à venir.

Marc Stoiber, spécialiste du marketing Vert, nous propose de considérer les 5 éléments qui constituent les piliers qui font qu'une marque peut espérer durer.

1. « Sustainability » …le développement durable

a. Pertinent, dans un monde où les ressources naturelles se raréfient, où la contrainte réglementaire environnementale tend partout à se resserrer et où les ONG et les consommateurs sensibles aux questions environnementales sont toujours plus à l’affut des moindres faux-pas surtout à l’heure des médias sociaux ou l’on souhaite éviter le « buzz » négatif .

b. Cependant, il s’avère être souvent plus judicieux de faire du DD un élément de la marque, plutôt que d’en faire la seule référence, le pilier central de son « branding » (qui risque d’écarter de la marque les consommateurs réticents ou indifférents aux causes environnementales). Ainsi, si on prend l’exemple de Nike, la marque de sport a intégré la dimension environnementale, mais continue de faire de la performance sportive son axe central de communication.

2. L’innovation
Les compagnies qui se démarquent et creusent leur sillons, tout en se démarquant de leur concurrentes sont celles qui savent créer et maîtriser un flux constant d’innovation au sein de leur organisation. Trop souvent l’innovation ne fait pas partie d’une stratégie maîtrisée.

3. Bâtir sa marque sur un filon ou une idée pérenne
Marc Stoiber prend l’exemple de BMW pour illustrer ce point. Les inquiétudes sur la montée des prix des carburants ont incité le constructeur allemand à abandonner le slogan, "The Ultimate Driving Machine", qu’il avait pourtant conservé 31 ans, pour axer sa nouvelle stratégie autour du concept de « mobilité », plus adapté aux enjeux du monde urbanisé de demain. Ce faisant, BMW laisse le champ libre à l’innovation, auto électrique et autres, etc... 

4. Miser sur le Design
Si la génération de nos grand-parents vivait dans un environnement culturel relativement stable et familier, nous vivons aujourd’hui dans un monde marqué par un métissage culturel marqué. Dans cette cacophonie multiculturelle, Marc Stoiber considère que ce qui nous rapproche (et accessoirement les consommateurs que les marques ciblent…) c’est un design bien pensé, soigné, original et surtout un design qui rend l’utilisation de votre produit facile et pratique. Stoiber suggère même le test interculturel ultime : "confiez son produit à quelqu’un qui ne parle pas la même langue que vous et observez sa réaction et sa facilité à comprendre comment il fonctionne".

5. La sociabilité
Partant de l’idée que la transparence et l’honnêteté sont des valeurs garantissant la pérennité d’une marque, le temps est peut être venu de jouer ces deux cartes et d’opérer un virage si en effet, il s’Avère que les produits proposés sont dommageables pour l’Environnement ou la santé.

J’ajouterai que c’est d’autant plus pertinent que les marques devraient désormais se saisir des opportunités d’intéraction avec les consommateurs, que leur offrent aujourd’hui les média sociaux. Les marques vont assurément apprendre beaucoup du « feedback » de leurs consommateurs qui peuvent dores et déjà adresser facilement et sans intermédiaire leurs critiques, mais aussi exprimer leur satisfaction à l’égard des produits.

dimanche 6 mars 2011

Tendances consommation à surveiller en 2011

D'après l'agence Trendwatching.com, voici quelques tendances de consommation à surveiller en 2011 :

L'Écologie : l'objectif de plusieurs marques sera d'élargir leur cible, en vendant des produits bio ou écolo au delà de la niche des consommateurs écolos convertis

Une santé à préserver : Les consommateurs définissent la santé comme une priorité. Ils sont prêts à dépenser plus pour des produits ou services en lien avec la santé, leur qualité de vie.

La générosité ça paye : 86% des consommateurs pensent que les entreprises doivent tout autant s’occuper du bien-être de la société que de leur chiffre d’affaire. Les marques qui sauront être généreuses, faire preuve de compassion gagneront en image positive auprès de leur clientèle.

Jamais les mêmes prix : Les consommateurs sont friands des ventes flash et des offres limitées. (cf. le concept de Groupon qui se décline même aux achats verts à Vancouver avec EthicalDeal.
leur clientèle.

Les Urbains : (Urbanomics) Plus de la moitié des habitants de la planète vivent en ville soit 3 milliards de consommateurs urbains, considérés comme plus tolérants et plus audacieux qui sont donc des cibles privilégiées

 • Les médias sociaux :
- Avec le succès des medias sociaux, il faudra compter avec de nouveaux comportements ; des consommateurs découvrent de nouvelles façons d'interargir avec les marques et qui réclament toujours plus de transparence
- Des avis précieux : les recommandations de ces amis partagées sur les réseaux sociaux et les blogs sont devenues importantes pour aider à l’achat (soit pour confirmer soit au contraire pour alerter)
- Les fans s’affichent : Les boutiques en ligne affichent désormais leur badge facebook pour permettre aux consommateurs de les suivre en tant que Fans. On y découvre les liens de popularité, les statistiques, les interactions entre fans, ..

Source : Terraeco recense 11 tendances phares pour 2011, nous n’avons relevé que celles les plus en lien avec le sujet de ce blog. Pour connaître les tendances non mentionnées ici se reporter à l’article http://www.terraeco.net/






mardi 1 mars 2011

Le Cosmos-Standard : un label européen pour les cosmétiques bio

Après presque 10 ans de négociation, le Cosmos Standard, nouveau label européen pour les cosmétiques bio devrait bientôt fleurir sur les produits bio produits en Europe.

Développé conjointement par les organismes de certification Cosmébio, Ecocert (France), BDIH (Allemagne), ICEA (Italie) et la Soil Association (Grande-Bretagne), il « couvre » à la fois l’origine des ingrédients – qui sont répartis en cinq catégories (eau, ingrédients d’origine minérale, agro-ingrédients transformés physiquement, agro-ingrédients transformés chimiquement et « autres »), chacune étant soumise à des critères spécifiques – et leur transformation et garantit une traçabilité verte. Partant d’une application stricte du principe de précaution, il exclut ainsi l’utilisation de nanomatériaux, d’OGM et interdit le recours à des procédés d’irradiation.

Les logos nationaux ne seront cependant pas supplantés mais complétés par une mention « Cosmos Natural » ou « Cosmos Organic » selon le degré de certification. La nuance a son importance puisque les produits certifiés « Cosmos Natural » n’auront aucune exigence à remplir en termes de pourcentages minimums d’ingrédients bio. Les cosmétiques « Organic », eux, devront être constitués d’au moins 95 % d’agro-ingrédients physiquement transformés et 20 % du produit fini devra provenir de l’agriculture biologique (la barre restera néanmoins à 10 % pour certains produits comme les shampooings et les gels-douche).


Il est toujours pertinent de se demander si l'entrée en vigueur d'un nouveau label permet  véritablement de simplifier le message destiné aux consommateurs. En l'espèce,  l'inquiétude peut venir de l'utilisation du terme "natural" que l'on sait être largement surexploité et galvaudé par ailleurs et surtout l'idée de deux niveaux de certification. Il est néanmoins pertinent d'avoir conservé les logos nationaux qui se sont progressivement forgés une image de fiabilité et de crédibilité dans l'opinion. 




jeudi 3 février 2011

Une mode à petits prix Éco-responsable ? H&M lance une collection de printemps en matières durables

Le géant suédois du prêt-à-porter à prix modique, Hennes&Mauritz, veut verdir son image en lançant ce printemps une ligne de vêtements éco-responsables. 

Cette collection baptisée Conscious sera en vente dans les magasins H&M à compter du 14 avril 2011. Elle proposera des vêtements pour la femme, l’homme et l’enfant, réalisés dans des matières durables et respectueuses de l’environnement telles que le coton biologique, le Tencel® et le polyester recyclé. L'ambition affichée par H&M est d'atteindre des collections 100% eco-resposable d'ici 2020.


DEpuis 2007, les t-shirts organiques  ont fait leur apparition dans les rayons de H&M. L’enseigne s’est investie dans la Better Cotton Initiative, qui encourage les cultivateurs à réduire l’impact environnemental des cultures. Un programme qui vient de donner sa toute première récolte.


Le lancement de cette nouvelle gamme de vêtements intervient dans un contexte où le prix des matières premières ne cesse de grimper au point de devenir une véritable source inquiétude pour l’ensemble des entreprises du textile. En somme, développer une nouvelle gamme de produits fabriqués à base de nouvelles matières n’est finalement plus aussi onéreux que par le passé. Au contraire, cela devient même rentable dans la mesure où cela permet de se différencier de la concurrence et donc de se forger une image éco-responsable.


Mise à jour du 4 fevrier (suite au commentaire reçu le 3 février) :
Cette nouvelle ne semble pas faire des heureux du côté des designer et petits créateurs de mode éthique qui considèrent que les grandes chaînes comme H&M surfent sur la vague écolo et ne font  que du Greenwashing.  On tentera de suivre ce débat.
Lire : http://www.geenkgo.fr/mode-developpement-durable/2011/02/03/la-belle-campagne-de-greenwashing-est-lancee-chez-hm/comment-page-1/#comment-15334


dimanche 30 janvier 2011

Sacs en plastiques Vs Sacs réutilisables : Qui possède la plus petite empreinte écologique ?


Il y a peu Echo-responsable se demandait si la lutte contre les sacs plastiques n’était pas finalement une cause environnementale dérisoire. Pour continuer sur cette thématique, le Journal de Montréal vient de sortir un dossier intéressant sur le sujets Sacs réutilisables Versus Sacs de plastiques conventionnels

Le dilemme se pose ainsi en ces termes : vaut-il mieux utiliser une dizaine de sacs réutilisables durant cinq ans (ce semble être leur durée de vie), fabriqués en Asie (dans des conditions inconnues), qu'il faut laver régulièrement, mais qui sont non recyclables... ou consommer 350 sacs de plastique par année (c'est la moyenne par personne), qui sont complètement recyclables et qui peuvent aussi être en partie réutilisés pour les déchets de la maison?

Dans ce dossier, on peut lire avec intérêt que :

- Les sacs réutilisables commencent à atteindre leur fin de vie utile et révèlent un défaut qu'on n'avait pas anticipé: la plupart ne sont pas recyclables. Ils sont donc expédiés par les centres de tri dans les dépotoirs

- La plupart de ces sacs, en provenance de Chine, n’ont pas été conçus pour être recyclés. Ils réunissent beaucoup de matières différentes : la plupart d'entre eux sont munis de poignées en tissu, parfois d'œillets métalliques, de surcoutures, de parois en polyester ou d'autres matériaux; des «contaminants» inacceptables dans le processus de recyclage du plastique (Voir ici la Vidéo). Il y a un problème de débouchés. Il faudrait développer une filière de récupération spécialisée. Cela représente trop de travail pour les centres de Tri.

- Ce débat surgit en même temps que le Québec acquiert la capacité de recycler tous les sacs de plastique traditionnels consommés ici.


Au final, on en vient à se demander :

- S’il faudrait établir une norme pour ceux qui fabriquent ces sacs ?
- Si bannir ou jeter l’opprobre sur sac plastique est toujours la solution la plus environnementale ?