jeudi 22 juillet 2010

L’effet pervers pas “très vert” du discours environnemental

Au début de l’année, Ipsos-Descarie réalisait un sondage en ligne de plus de 1000 Canadiens, au nom de Cascades Groupe Tissu. Ce sondage révélait que 58 % des personnes interrogées déclaraient que l'environnement est la nouvelle religion, et 54% étaient fatigués d'être sermonnés par les écologistes.

Ce sondage révèle t-il une tendance inquiétante pour le discours environnemental ? Possible, voire probable. Comme dans d’autres domaines, trop d’infos tue l’info, ou plus encore, trop de com’ décrédibilise sérieusement le message de la cause environnementale.

En effet, les efforts de vulgarisation des écologistes et la diffusion de slogans et messages écolos de toute sorte ont peut-être l’effet d’induire, dans une partie du public, de la confusion. Paradoxalement, cela a pour effet de les paralyser au lieu de les mobiliser. Submergés par l’information, par la description de tableaux qui semblent noircir la réalité, le message écolo devient pour pour certains citoyens « anxiogène » et ses porteurs perçus comme des Cassandres; les actions individuelles semblent dérisoires face à l’ampleur du désastre annoncé. Du coup, certains choisissent de ne (plus) rien faire, plutôt que de faire quelque chose d'inadéquat ou d’insuffisant. Ils échappent à leur culpabilité en évitant soigneusement les nouvelles qui leur parlent des problèmes environnementaux. Ils se réfugient dans une ignorance sécurisante.

A cela s’ajoute l’effet dévastateur des campagnes de greenwashing de nombreuses compagnies qui pensent pouvoir surfer sur la vague verte pour accroître leurs ventes, et redorer (ou plutôt « reverdir ») leur image. Cela accroît encore la confusion et la défiance des consommateurs et du public en général à l’égard de nombreuses entreprises. Bien des consommateurs sont encore pleins de bonne volonté et veulent faire de bons choix. Mais quand ils achètent quelque chose en pensant qu’il est plus respectueux de l'environnement en raison d'un écolabel ou d’un emballage prétendument plus vert (bioplastiques ou autres), et qu’ils finissent finalement par découvrir que ce n'est pas plus respectueux de l'environnement, ils en ressortent déconcertés et frustrés.

Pour sortir de ce dilemme et contrer cette réaction contre l’environnementalisme, il reste encore l’idée de consommer moins plutôt que de consommer des produits éco-certifiés ou éco-labellisés, mais un tel message est plus difficile à faire passer, y compris par certaines ONG environnementales, qui faute de financement, vendent leur âme et ne veulent plus soutenir les discours de la décroissance car cela risquerait de leur attirer les foudres de leurs bailleurs, bien souvent des entreprises.

Cette situation est certes préoccupante mais elle peut ouvrir la voie à des remises en question pertinentes sur la façon des uns et des autres de communiquer sur la cause environnementale. Surtout, ne pas perdre de vue que la lassitude vient de ce que les gens ont le sentiment de ne voir aucun résultats probants à toutes les micro-actions ou politiques publiques engagées pour « sauver la planète ». En outre, la conjoncture actuelle est probablement défavorable car l’environnement subit toujours un recul en période de crise économique.

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